Pescatourisme

Le littoral provençal compte parmi les zones les plus actives de France en matière de pescatourisme. Cette activité permet d’embarquer avec des pêcheurs professionnels pour découvrir concrètement leur métier, leurs techniques et les réalités de la mer Méditerranée. Loin des circuits commerciaux, ces sorties sont encadrées par des marins formés à l’accueil du public, souvent à bord de petits bateaux côtiers. Plusieurs ports de la région accueillent ces initiatives, réunissant savoir-faire traditionnel, réglementation stricte et contact direct avec le milieu marin.

Le pescatourisme, c’est quoi exactement ?

Le pescatourisme désigne l’accueil de personnes à bord de bateaux de pêche professionnelle pour leur faire découvrir concrètement les activités du métier de pêcheur en mer. Il ne s’agit pas d’une activité de loisir ou de pêche récréative, mais d’une sortie encadrée par un marin en activité, durant laquelle les passagers observent les techniques, la remontée des engins, le tri des espèces et la navigation. Cette pratique est encadrée par une réglementation spécifique et ne modifie pas les outils ni les zones de pêche habituelles. Elle permet d’associer transmission de connaissances, contact direct avec le monde maritime et valorisation d’un savoir-faire artisanal.


Pescatourisme au départ du port de Sanary-sur-Mer

À Sanary-sur-Mer, petit port du Var réputé pour son activité artisanale, plusieurs pêcheurs proposent des sorties embarquées sur de petites unités à moteur. Ces demi-journées commencent tôt, souvent vers 6h, avec les manœuvres de sortie de port. Le pêcheur explique les zones de pêche, les types de filets utilisés (filets calés, trémails, lignes de fond), puis vient le moment du relevage. Le rythme est soutenu, les gestes précis.

Une fois les engins remontés, les espèces capturées sont identifiées et commentées : dorades, grondins, rascasses, sars ou petits merlus selon les saisons. La navigation se poursuit jusqu’à un petit mouillage où un café est servi à bord. Le retour au port permet d’assister au tri et à la préparation de la vente directe. La sortie dure en moyenne 4 heures.

Les participants doivent prévoir :

  • Vêtements adaptés aux projections d’eau et aux conditions marines
  • Chaussures antidérapantes
  • Chapeau ou casquette pour la protection solaire

Sortie en mer avec un pêcheur d’anchois à Port-de-Bouc

À Port-de-Bouc, dans les Bouches-du-Rhône, une embarcation artisanale se consacre à la pêche à la senne tournante pour les petits pélagiques. La sortie, proposée en fin d’après-midi, coïncide avec le moment de mise à l’eau du filet tournant. Le filet est disposé en cercle autour d’un banc de poissons détecté par sonar, puis refermé à la main.

Ce mode de pêche demande une coordination fine et un effort physique important. Les participants peuvent observer les opérations depuis l’arrière du bateau, sous la supervision du patron pêcheur. Une fois les poissons à bord, ils sont immédiatement conditionnés. Cette technique concerne principalement les anchois et les sardines entre avril et octobre.

Le retour se fait souvent de nuit, ce qui permet de découvrir une ambiance portuaire différente, plus calme, marquée par les gestes répétitifs du débarquement.


Le métier de pêcheur de poulpes à La Ciotat

À La Ciotat, la pêche au poulpe s’effectue au moyen de casiers appâtés disposés sur les fonds rocheux. Ce type de sortie est moins physique mais nécessite précision, patience et connaissance fine des fonds marins. Le pêcheur part en mer vers 7h pour relever ses lignes de casiers placées à quelques milles du rivage.

Chaque casier est vérifié, vidé, nettoyé, puis remis à l’eau. Les poulpes capturés sont rapidement immobilisés et conservés à l’ombre. L’intérêt de cette sortie réside dans l’observation du comportement de ces céphalopodes, leur camouflage, leur capacité d’évasion. Le pêcheur commente également la réglementation encadrant les tailles minimales et la période de pêche.

Les participants apprennent à distinguer un poulpe commun d’une pieuvre blanche ou d’un encornet, grâce aux explications fournies sur le pont.


Pescatourisme dans les calanques de Cassis avec un palangrier

Depuis Cassis, un ancien thonier reconverti effectue des sorties sur palangres, une méthode de pêche à lignes multiples avec hameçons espacés. L’engin est calé sur des fonds compris entre 60 et 100 mètres, selon les zones autorisées entre les calanques. La réglementation y est stricte, en raison de la présence du parc national.

La sortie commence tôt, avec la mise à l’eau de la palangre. Le pêcheur explique comment les appâts sont choisis, l’ordre de calage, le repérage par bouées, puis intervient le relevage. Les poissons attrapés sont souvent des pagres, dorades roses ou congres. À bord, les gestes d’éviscération sont montrés, ainsi que les méthodes de conservation.

Éléments observés pendant la sortie :

  • Montage des hameçons et des lignes
  • Utilisation des appâts naturels ou congelés
  • Technique de repérage par GPS et sondes

L’attention est portée aussi sur les espèces protégées qui doivent être relâchées, notamment certaines raies et mérous.


Sortie mixte pêche et levée de nasses à Bandol

À Bandol, certains professionnels proposent des sorties combinées : pêche au filet et levée de nasses à crustacés. Ce format s’adresse à un public souhaitant comprendre plusieurs techniques dans un même temps de navigation. Le départ s’effectue à l’aube, direction les zones côtières au large de l’île de Bendor.

Le pêcheur commence par remonter une série de filets de fond, posés la veille au soir. Les poissons sont immédiatement triés. Ensuite, cap sur une zone plus rocheuse où se trouvent les nasses à homards ou à crabes. Les nasses sont ouvertes une à une, certaines contenant parfois des murènes ou des congres qui sont relâchés.

Une petite table à découpe permet de montrer comment les prises sont vidées, parfois cuisinées à bord sur un petit réchaud pour les démonstrations. Cette diversité d’activités rend la sortie particulièrement didactique.


Comparatif des sorties pescatourisme en Provence

Port de départ Type de pêche Durée moyenne
Sanary-sur-Mer Filets calés 4 h
Port-de-Bouc Senneh tournante 6 h (soirée)
La Ciotat Casiers à poulpes 4 h
Cassis Palangres 5 h
Bandol Filets + nasses 5 h

Encadrement, règlementation et conditions de sortie

Chaque sortie est encadrée par un marin professionnel disposant de l’autorisation de pratiquer le pescatourisme, délivrée après une formation spécifique. Le nombre de participants est limité, souvent à 4 ou 5 personnes maximum, pour des raisons de sécurité et d’efficacité. Le matériel de sécurité est obligatoire (gilets, radios VHF, extincteurs) et vérifié avant le départ.

Le pescatourisme en Provence est soumis à un cahier des charges validé par la direction interrégionale de la mer. Les engins utilisés restent ceux du quotidien du pêcheur, sans artifice ajouté pour le public. Les captures restent la propriété du marin, qui les commercialise ensuite. Dans certains cas, un petit lot de poissons peut être proposé à l’achat en fin de sortie.

Les espèces capturées varient selon la saison, la température de l’eau et les zones d’autorisation. Les mois de mai à septembre concentrent la majorité des départs, en lien avec les bonnes conditions météorologiques et la fréquentation touristique du littoral.


Logistique, réservation et précautions avant le départ

Les réservations s’effectuent généralement en direct, par téléphone ou via les sites de comités des pêches départementaux. Peu de structures disposent d’un module de paiement en ligne. Il est recommandé de réserver plusieurs semaines à l’avance en période estivale.

À prévoir impérativement :

  • Vêtements imperméables et chauds, même en été
  • Encas ou bouteille d’eau personnelle (pas toujours fournis à bord)
  • Appareil photo uniquement si étanche ou protégé
  • Respect strict des consignes du marin

Les enfants sont acceptés à partir de 8 ou 10 ans selon les sorties. Certaines embarcations ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Il est conseillé d’arriver au port au moins 15 minutes avant l’horaire prévu, le départ ne pouvant pas être décalé.


Initiatives pédagogiques autour du pescatourisme

Plusieurs comités locaux encouragent la sensibilisation à la pêche artisanale via le pescatourisme. Des journées thématiques sont parfois organisées avec les écoles ou les centres sociaux. À Marseille, des partenariats ont permis l’organisation de sorties pédagogiques pour les jeunes en décrochage scolaire, associant découverte du milieu marin et échanges avec les professionnels.

Des documents d’information, disponibles dans certains ports, expliquent les quotas, les engins autorisés, les tailles minimales de capture et les périodes de repos biologique. Ces documents sont affichés sur les quais ou distribués en début de sortie.

En parallèle, certaines municipalités soutiennent la modernisation des bateaux accueillant du public, en finançant des équipements de sécurité supplémentaires ou des systèmes de navigation modernes.


Perspectives et saisonnalité du pescatourisme provençal

Le pescatourisme en Provence reste une activité limitée par la météo, les quotas de pêche et les conditions de navigation. Les périodes creuses, en automne ou en hiver, ne permettent pas toujours de maintenir les sorties. Les ports les plus actifs restent ceux où le tissu artisanal est encore solide, comme Sanary-sur-Mer ou Bandol.

Pour l’avenir, certains pêcheurs réfléchissent à élargir l’offre : sorties ciblées sur les métiers d’hiver (oursins, tellines), ou demi-journées pédagogiques à quai avec visites guidées de bateaux et ateliers de nœuds marins. Des projets sont également à l’étude autour de la valorisation des captures peu connues, comme les girelles, bogues ou chinchards, souvent négligés sur les étals.

Les limites restent néanmoins nombreuses : rentabilité fragile, fatigue accrue pour les marins, encadrement administratif complexe. Le maintien de cette activité dépendra donc d’un équilibre entre transmission, faisabilité économique et conditions naturelles.

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