Quels sont noms de famille les plus courants au Mexique ?

Noms de famille au Mexique

Le Mexique, pays de plus de 130 millions d’habitants, possède une grande diversité de noms de famille. On y recense plus de 34 000 patronymes différents dans les registres civils, reflétant la mosaïque de son histoire et de ses origines. Pourtant, au sein de cette vaste liste, certains noms de famille se distinguent par leur fréquence élevée.

Le terme espagnol apellido désigne tout simplement le nom de famille. Quels sont donc les apellidos les plus répandus au Mexique ? Pour le comprendre, il est utile d’examiner le système des noms de famille mexicains et l’héritage culturel qui les sous-tend.

Les noms de famille les plus courants au Mexique

D’après une étude de l’Institut national de statistique et géographie du Mexique (INEGI) portant sur les naissances enregistrées entre 2017 et 2020, un petit nombre de noms de famille se retrouve de façon disproportionnée parmi la population. Voici le palmarès des dix apellidos les plus communs au Mexique, accompagnés du nombre approximatif de personnes qui portent chacun de ces noms et de leur origine ou signification :

Nom de famille Nombre de personnes Origine / Signification
Hernández plus de 7 000 000 Patronyme espagnol signifiant « fils de Hernando » (variante du prénom Fernando).
García plus de 6,5 millions D’origine basque (ancien prénom ibérique, signification possiblement « ours » ou « jeune »).
Martínez plus de 6 millions Patronyme espagnol signifiant « fils de Martín ».
López plus de 5,5 millions Patronyme espagnol signifiant « fils de Lope » (Lope dérive du latin lupus, « loup »).
González plus de 5 millions Patronyme espagnol signifiant « fils de Gonzalo » (Gonzalo venant d’un mot germanique pour « combat »).
Pérez plus de 4,5 millions Patronyme hispano-séfarade signifiant « fils de Pedro » (Pedro équivalant à Pierre).
Rodríguez plus de 4 millions Patronyme espagnol signifiant « fils de Rodrigo » (Rodrigo issu du germanique Hrodric : gloire + pouvoir).
Sánchez plus de 3,5 millions Patronyme espagnol signifiant « fils de Sancho » (Sancho dérivé du latin sanctus, « saint »).
Ramírez plus de 3 millions Patronyme espagnol signifiant « fils de Ramiro » (Ramiro d’origine wisigothique, « conseiller célèbre »).
Cruz plus de 2,5 millions Nom espagnol signifiant « croix », d’origine religieuse ou toponymique.

Comme on peut le constater, ces dix noms de famille occupent une place prépondérante dans la société mexicaine. Chacun d’eux est porté par des millions de personnes à travers tout le territoire, du nord au sud, transcendant les particularismes régionaux. À titre d’exemple, plus de 5 % des Mexicains portent le nom Hernández, ce qui en fait le patronyme le plus répandu. Il n’est pas rare qu’une personne possède même deux noms de cette liste en même temps ; par exemple, un individu nommé Hernández García combinera le premier et le deuxième noms les plus communs. Cette prédominance des patronymes espagnols illustre l’impact durable de l’histoire coloniale sur l’identité des familles mexicaines. À noter que ce classement évolue peu au fil du temps : Hernández occupe le premier rang depuis plusieurs générations déjà, signe de son enracinement dans la population. Au total, environ un Mexicain sur cinq porte au moins l’un de ces dix patronymes.

Famille mexicaine

Un fait notable est que la quasi-totalité de ces noms très fréquents proviennent de noms de baptême d’origine espagnole ou européenne, transmis de génération en génération. La forte récurrence du suffixe -ez dans les patronymes mexicains témoigne de l’ancienne pratique d’attribuer aux enfants un nom indiquant la paternité. Seul Cruz fait figure d’exception dans le haut du classement, en tant que nom issu d’un vocabulaire commun et lié à la tradition catholique. Cependant, ce nom reste lui aussi un héritage de la présence espagnole.


Le système des noms de famille au Mexique

Au Mexique, comme dans l’ensemble du monde hispanophone, chaque personne porte traditionnellement deux noms de famille. Il s’agit du nom de famille du père suivi de celui de la mère, dans cet ordre. Ce double nom, appelé apellidos (au pluriel), assure la continuité des lignées paternelle et maternelle. Ce système facilite le suivi des origines familiales et évite les homonymies complètes. Par exemple, si un père s’appelle Juan Pérez López et la mère María García Hernández, leur enfant pourra se nommer Pablo Pérez García (Pérez provenant du père et García de la mère).

Concrètement, chaque Mexicain a un nom de famille composé de deux éléments :

  • Premier nom de famille (apellido paternel) – le patronyme hérité du père, transmis en première position aux enfants.
  • Second nom de famille (apellido maternel) – le patronyme hérité de la mère, transmis en deuxième position aux enfants.

A noter également qu’au Mexique, le mariage n’entraîne pas de changement de nom de famille pour l’épouse ou l’époux. Chacun conserve ses deux noms de naissance, selon la coutume hispanique. Il fut un temps où certaines femmes accolaient le nom de leur mari précédé de la mention de (par exemple, María Pérez de López pour indiquer qu’elle était mariée à un López), mais cette pratique est de moins en moins courante. Ainsi, les apellidos restent généralement stables tout au long de la vie d’une personne.

Sur les documents officiels, les deux noms de famille figurent, tandis que dans la vie courante on utilise souvent seulement le premier. Ce mode de nommage, également en vigueur en Espagne, fait que l’on parle généralement des apellidos d’une personne au pluriel. Il n’est donc pas rare qu’une même combinaison de noms de famille se perpétue sur plusieurs générations, renforçant le sentiment d’appartenance à une même lignée familiale.


L’héritage espagnol des patronymes mexicains

La majorité des noms de famille les plus courants au Mexique proviennent de l’héritage espagnol, conséquence de la colonisation de la Nouvelle-Espagne à partir du XVIe siècle. Les colons espagnols ont apporté leurs patronymes, et les populations autochtones ont souvent été amenées, volontairement ou non, à adopter ces noms de famille européens. Ainsi, les patronymes d’origine espagnole dominent largement les registres mexicains, au point que les dix noms les plus répandus dans le pays sont tous issus de la langue espagnole. Beaucoup d’Amérindiens n’avaient pas de nom de famille héréditaire avant la colonisation ; ils ont donc reçu ou choisi des noms espagnols (souvent ceux de saints ou de propriétaires terriens), ce qui explique la diffusion massive de ces patronymes européens dans toute la population.

Patronymes mexicains

Il est à noter que ces patronymes d’origine espagnole se retrouvent parmi les plus communs dans de nombreux pays hispanophones. Par exemple, Hernández est également très répandu au Salvador ou au Honduras, et García est même le nom de famille le plus courant en Espagne. Cela souligne l’héritage ibérique partagé à travers le monde latino-américain.

Un trait caractéristique des noms de famille espagnols est l’utilisation du suffixe en -ez, qui indique la filiation. Ce suffixe équivaut à « fils de » et se retrouve dans de nombreux patronymes. Par exemple, un nom comme Hernández signifie littéralement « fils de Hernando » (Hernando étant une variante ancienne du prénom Fernando). De même, Martínez signifie « fils de Martín », González « fils de Gonzalo », etc. Cette tradition patronymique explique pourquoi une grande partie des noms les plus communs se terminent par -ez. Sur les dix premiers noms de famille mexicains, huit se terminent par cette marque patronymique.

Par ailleurs, certains des noms très répandus au Mexique sont en fait d’anciens prénoms ou des termes du vocabulaire courant en espagnol. Par exemple, García, deuxième nom de famille le plus porté, trouve son origine dans un ancien prénom d’origine basque (signifiant possiblement « ours » ou « jeune ») qui s’est diffusé dans toute l’Espagne. Un autre exemple notable est Cruz, qui signifie « croix » en espagnol : ce patronyme provient souvent de références religieuses ou de noms de lieux (tels que « de la Cruz »). Malgré ces exceptions, l’immense majorité des patronymes mexicains courants ont une origine hispanique. Les noms purement autochtones (dérivés des langues indigènes du Mexique) sont relativement peu fréquents à l’échelle nationale, bien que certaines régions conservent des patronymes d’origine nahuatl ou maya (dans la péninsule du Yucatán, des noms mayas comme Chan ou Canul restent par exemple répandus localement).


Une vaste diversité de patronymes

Bien que quelques noms de famille dominent en nombre, le paysage onomastique mexicain est extrêmement varié. Des dizaines de milliers d’autres noms de famille existent, souvent portés par un petit nombre de personnes. Certains patronymes sont même si rares que seuls quelques dizaines d’individus les partagent dans tout le pays. Il s’agit parfois de noms d’origine indigène (issus des langues natives comme le nahuatl, le maya, le zapotèque, etc.) ou de noms apportés par des vagues d’immigration (patronymes d’origine européenne non hispanique, asiatique, moyen-orientale, etc.). Par exemple, le Mexique compte des noms de famille d’origine chinoise, libanaise ou allemande (par exemple Lee, Haddad ou Schneider) au sein de certaines communautés, même s’ils sont absents des palmarès nationaux. La présence de ces influences étrangères n’a toutefois pas remis en cause la domination numérique des patronymes d’origine espagnole dans la population. Chaque année, l’arrivée de nouveaux immigrés apporte son lot de patronymes étrangers, étoffant encore la diversité des noms de famille au Mexique, même si ces noms restent peu représentés à l’échelle du pays.

Selon l’INEGI, de nombreux patronymes mexicains en voie de disparition commencent par des lettres peu communes ou des voyelles, ou bien possèdent des orthographes particulières héritées de l’époque coloniale. À l’opposé des Hernández et García omniprésents, on trouve par exemple des noms rarissimes comme Xijum ou Zecuatl, portés chacun par seulement une poignée de familles. Ces cas illustrent l’extrême diversité et la complexité des héritages culturels du pays en matière de noms.

Les apellidos les plus courants au Mexique reflètent la profonde influence espagnole sur la société mexicaine. Ils côtoient une multitude d’autres noms, témoins des origines diverses des Mexicains. Du patronyme le plus répandu à celui qui n’est porté que par une seule famille, chaque nom de famille raconte une part de l’histoire du pays et perpétue un héritage identitaire de génération en génération.

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